Mercredi 5 décembre, le fest-noz a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. L’occasion de porter un nouveau regard sur cette tradition ancestrale, qui fait toujours danser les foules…
C’est officiel ! Le fest-noz (fête de nuit, en breton) figure désormais sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, parmi d’autres pratiques culturelles comme le flamenco espagnol, le fado portugais, le tango argentin, ou encore les mariachis mexicains. Réuni à Paris le 5 décembre, le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco a estimé, en effet, que cette tradition bretonne participait à la diversité et à la richesse culturelle mondiale et méritait d’être protégée.
Élaboré par un groupe de travail réunissant de nombreux acteurs culturels bretons, coordonné par l’association Dastum (collectage, sauvegarde et diffusion du patrimoine oral et musical de Bretagne), le dossier de candidature déposé par la France présentait le fest-noz comme « un symbole majeur de l’identité et de la culture bretonne », le décrivant comme « l’expression d’une pratique vivante et en perpétuel renouvellement de répertoires de danse, chant et musique à danser hérités de la tradition », qui se caractérise par « une grande convivialité, une mixité sociale et intergénérationnelle très importante et une grande ouverture à l’autre ».
Pour les auteurs du dossier, il ne s’agissait pas tant de reconnaître une pratique d’aujourd’hui comme faisant partie d’un patrimoine régional ou national, mais d’en souligner l’aspect vivant et contemporain. « Les formes musicales les plus traditionnelles côtoient aujourd’hui régulièrement les formes les plus modernes », indiquait notamment le dossier de candidature.
Mais c’est surtout le fort attachement des Bretons à cet élément de leur patrimoine qui a joué un rôle déterminant dans la décision de l’Unesco. La candidature du fest-noz a, en effet, recueilli un vaste soutien populaire en Bretagne, à la mesure de la vitalité de cette fête traditionnelle, qui réunit chaque week-end des milliers de danseurs de tous âges. 2 500 fest-noz, rassemblant au moins 700 000 personnes, sont organisés chaque année en Bretagne, selon les chiffres de l’association Tamm-Kreiz, centre de ressources, d’information et de promotion de la musique et de la danse bretonnes.
Cette inscription au patrimoine immatériel de l’Humanité est une belle victoire pour toutes les associations culturelles bretonnantes et gallésantes, qui s’attachent depuis de nombreuses années à transmettre, promouvoir et faire vivre cette tradition, comme Eoline à Melesse, le Groupe folk macérien à La Mézière, Seno Breizh à Sens-de-Bretagne, Gallo-Tonic à Liffré… Cela leur permettra peut-être de bénéficier d’un regain d’intérêt pour leurs activités, et de nouvelles subventions. En tout cas, cela devrait inciter les Bretons, les néo-Bretons, mais aussi les touristes, à s’intéresser de plus près à cette pratique traditionnelle bien vivante.
« Cette reconnaissance universelle de notre patrimoine constitue une immense fierté pour les Bretons », se réjouit le musicien Tangi Pénard, qui anime de nombreux fest-noz dans la région. « Pour une personne ou un groupe, qu’il soit amateur ou professionnel, cela peut nous donner encore plus de motivation ». Les danseurs, quant à eux, vont pouvoir redoubler d’ardeur pour célébrer l’événement ! Le Groupe folk macérien organise justement un fest-noz, samedi 12 janvier, à la salle multifonction de La Mézière.
Alors, en attendant que le ciel nous tombe vraiment sur la tête (la fin du monde a été reportée à une date ultérieure), si nous dansions pour commencer cette nouvelle année du bon pied ? En avant pour une gavotte endiablée !
Joëlle Le Dû